Encyclopédie de religions africaines – ABUK
Avant Propos : Chers lecteurs et lectrices, avant de vous lancer dans la lecture de ce contenu nous vous conseillons de lire d’abord notre article d’introduction, vous le trouverez en cliquant sur le lien en surbrillance suivant : Encyclopédie de religions africaines – Introduction : Notions et Concepts. Ce dernier vous permettra de mieux appréhender le sens que nous voulons donner à l’ensemble de cette rubrique.
Abuk est considérée comme la première femme du monde selon le peuple Dinka du Sud-Soudan. Les Dinka croient que le Créateur a façonné Abuk et Garang, le premier homme, à partir de l’argile fertile du Soudan. Une fois Abuk et Garang créés, ils ont été placés dans un grand pot. Lorsque le Créateur a ouvert le pot, l’homme et la femme étaient déjà bien formés et attrayants, mais la femme était plus petite que ce que le Créateur avait envisagé. Pour remédier à cela, Abuk a été mise dans un récipient rempli d’eau. Elle y est restée un certain temps, et lorsqu’elle a gonflé comme une éponge pour atteindre la taille d’une personne ordinaire, le Créateur a été satisfait.
Cependant, Abuk et Garang ne recevaient qu’un seul grain par jour pour se nourrir, ce qui les laissait toujours affamés. Rapidement, Abuk a fait preuve d’intelligence et d’ingéniosité en transformant ce grain quotidien en une pâte pour en prolonger la durée. Elle a également décidé de ne prendre un grain qu’un jour sur deux afin de pouvoir en conserver un pour le planter. Grâce à ses efforts, elle est devenue la source de tous les grains.
Bien que ce mythe historique ait une véritable puissance dans l’explication de l’origine de la société Dinka, cette idée reste également pertinente dans la vie quotidienne des gens. En effet, les Dinka représentent Abuk par un serpent. Son animal préféré est un petit serpent, et cette représentation évoque le concept de fraîcheur et d’intelligence souvent associé aux femmes dans de nombreuses cultures africaines. Abuk joue un rôle crucial dans la culture Dinka, au point d’avoir la responsabilité de veiller sur toutes les femmes et les enfants, ainsi que sur la fertilité, la croissance des arbres et des plantes, et la productivité des récoltes. De plus, la gestion de l’eau incombe également à Abuk ; c’est pourquoi les femmes sont considérées comme les gardiennes de l’eau. Elles se rendent aux rivières pour s’approvisionner et veillent à ce que leur famille dispose d’une bonne quantité d’eau. Garang, quant à lui, est chargé de tout le reste.
Bien sûr, avec tant de responsabilités, Abuk était inévitablement amenée à rencontrer des difficultés dans l’exercice de ses tâches. Elle a décidé qu’elle souhaitait planter davantage de cultures pour avoir plus de nourriture à disposition. Ainsi, elle et Garang ont semé plus de grains tout en veillant à ne pas nuire à la terre ni à causer de problèmes au Créateur qui résidait dans les cieux. Lorsque Abuk a pris une houe à long manche, atteignant presque les cieux, et a commencé à creuser la terre, le manche de la houe a accidentellement heurté le Créateur.
À ce moment-là, le Créateur s’est retiré de la Terre en raison de l’offense et a envoyé un petit oiseau bleu appelé atoc pour couper la corde que les humains avaient utilisée pour monter vers le ciel. Le Créateur a ensuite quitté la vie quotidienne des humains, car le monde avait été altéré par les actions des femmes et des hommes. Tout a changé.
Il y a désormais des maladies, la mort et des problèmes sur Terre, conséquence directe de la séparation du Créateur avec les habitants de la planète.
Cependant, les Dinka rendent hommage à Abuk en tant que première femme et la considèrent comme la créatrice et l’origine de toutes leurs traditions. En tant que première femme et première mère, elle est célébrée lors des festivals et des rituels des Dinka.
Sources complémentaires : Asante, M. K. (2007). L’Histoire de l’Afrique : La Quête de l’Harmonie Éternelle. Londres : Routledge. Beswick, S. (2004). La Mémoire Sanglante du Soudan : L’Héritage de la Guerre, de l’Éthnicité et de l’Esclavage dans le Sud Soudan Primitif (Rochester Studies in African History and the Diaspora). Rochester, NY : University of Rochester Press.
