Le Coin débat : La Bible est-elle corrompu selon le texte de Jérémie 8 : 8 ?
Dans le livre de Jérémie au chapitre 8 et verset 8, la Bible affirme que :
Comment dites-vous: Nous sommes sages, et la loi de l’Éternel est avec nous? Mais voici, la plume menteuse des scribes en fait un mensonge!
En se basant sur le de Jérémie 8:8 peut-on affirmer que la Bible est corrompue ?
Bien que le Coran déclare qu’il y a des conseils (guide) et de la lumière dans la Torah (Coran 5 : 43), de nombreux musulmans citent souvent Jérémie 8 : 8 comme raison pour laquelle la Torah a été une preuve corrompue. L’Écriture dit : Comment pouvez-vous dire : Nous sommes sages parce que nous avons la loi du Seigneur, alors que les scribes ont écrit la loi avec des mensonges et des erreurs ? (Jérémie 8 : 8).
Comprendre le contexte est essentiel. Les passages mentionnés sont extraits du discours de Jérémie au temple, qui se trouve dans Jérémie 7:1-10:25. Un élément clé est l’affirmation de Dieu par l’intermédiaire du prophète Jérémie au verset 7, qui dit : Mon peuple ignore ce que le Seigneur exige. Cela ne signifie pas qu’il n’en a pas besoin. Ensuite, au verset 8, Dieu reconnaît l’illusion de sécurité offerte par les scribes qui prétendaient posséder la Loi, bien qu’ils ne l’aient pas respectée et l’aient altérée par des interprétations erronées. Le verset suivant éclaire la question de la légitimité de ces scribes : Les sages seront pris de confusion ; ils seront déconcertés et perturbés. Quelle sagesse leur restera-t-il après avoir rejeté la parole du Seigneur ?, verset 9.
Il est étonnant de constater que, de manière inattendue, certains de nos amis de foi musulmane semblent méconnaître le contexte du verset 9. L’allégation portée est que les scribes du temps de Jérémie auraient mal interprété les Écritures, en délaissant la parole du Seigneur. En examinant le contexte des chapitres 7 à 10 de Jérémie, on découvre la signification de ce que l’on nomme la plume mensongère. Le texte ne suggère pas que leurs écrits fallacieux transforment la Torah en mensonge par la modification de son contenu. Il indique plutôt qu’ils rédigent des affirmations erronées, prétendument issues de la loi divine, et les enseignent au peuple.
Les enseignants qui n’étaient pas sincères proclamaient au peuple paix, paix, alors que Jérémie, considéré comme le véritable prophète, avait prévenu qu’il n’y avait pas de paix à venir. Selon les écrits, Allah avait prédit un jugement sur Jérusalem en raison de son idolâtrie et de sa désobéissance. Il était annoncé que les ennemis approchaient et que l’aide divine ne serait pas accordée. L’histoire a confirmé ces dires : les ennemis ont envahi et la victoire n’a pas été accordée par une intervention divine.
Ce passage ne concerne pas l’altération des écritures sacrées, mais plutôt l’attitude de certains scribes qui enseignent des pratiques erronées et propagent des prophéties mensongères, en les attribuant faussement à la loi divine. La loi divine, qui énonce explicitement des punitions pour les péchés, est négligée. Les promesses de la miséricorde divine, également présentes dans la loi, sont évoquées auprès des fidèles, mais elles sont subordonnées à une condition essentielle : le respect des commandements d’Allah.
Dans ce texte, l’auto-proclamation de sagesse est mise en avant par la possession de la loi. Cependant, il est souligné que cette loi a été mal interprétée et mal appliquée. Le terme rejeter est utilisé ici pour signifier le non-respect des directives données. Il est crucial de remarquer que, même près de deux siècles après Jérémie, l’accès à la Torah, la Loi, était disponible, ce qui indique sa préservation de toute corruption. À titre d’illustration, le livre de Néhémie contient les écrits suivants :
Ils lisent dans le Livre de la Loi de Dieu, en le clair et en donnant le sens afin que les gens puissent comprendre ce qui était lu… Le deuxième jour… ils ont rassemblé autour d’Ezra le scribe pour prêter attention aux paroles de la Loi. Ils ont trouvé écrit dans la Loi, que l’Éternel avait commandé par l’intermédiaire de Moise, que les Israélites étaient à … jour après jour, du premier jour au dernier, Ezra a lu du Livre de la Loi de Dieu…(Néhémie 8:13-14,18:18)
Pour qu’Ezra puisse lire la Loi de Moïse et la présenter, il est nécessaire de supposer qu’une copie authentique et intègre de la Torah était accessible à cette période.
Si nous remontons le temps jusqu’à l’époque de Jésus et de ses disciples, nous constatons qu’ils se référaient à la Torah telle que nous la connaissons aujourd’hui, sans jamais insinuer qu’elle avait été altérée. Par exemple, dans les passages de Matthieu 74:4, 7:10; 22:31-32; et 1 Timothée 5:18, cette idée est renforcée. Jésus lui-même n’a jamais mis en doute l’intégrité de la Torah, ni celle des écrits des prophètes ou des psaumes. En réalité, la Bible contient des versets qui affirment l’immuabilité de la parole de Dieu. Jésus a affirmé que les Écritures ne pouvaient être annulées (Jean 10:35) et a proclamé que pas un iota, pas un trait de lettre, ne s’effacerait de la loi avant que tout ne soit accompli (Matthieu 5:18).
Il semble donc que l’interprétation la plus plausible soit que les scribes égaraient le peuple, soit par le biais de leurs discours, soit en rédigeant des explications incorrectes des lois. Cette dynamique n’était pas étrangère à l’époque de Jésus-Christ. Il a exprimé une critique semblable à l’encontre des scribes, comme le rapporte Matthieu 23. Par exemple, Jésus déclare : Les maîtres de la loi et les pharisiens occupent la chaire de Moïse. Ainsi, faites tout ce qu’ils vous disent de faire. Mais ne suivez pas leur exemple, car ils ne font pas ce qu’ils enseignent. (Matthieu 23:2-3)
Il est impensable que Jésus ait encouragé les gens à suivre les enseignements des docteurs de la Loi si ces derniers avaient altéré la Loi et l’avaient éloignée de sa forme originelle, telle que Dieu l’avait conçue. Par conséquent, l’idée que la corruption textuelle constitue une préoccupation majeure est infondée.
Soutenir, en se basant sur Jérémie 8, que le texte de la Torah est corrompu serait contraire aux affirmations de Jésus, ainsi qu’aux déclarations de tous les prophètes divins. Cela constituerait un argument ex silentio, car cela n’est nullement exprimé dans le texte. Le contexte indique sans équivoque qu’il s’agit là d’une mauvaise interprétation et d’une mise en œuvre incorrecte de la parole divine.
Il apparaît manifestement que Jérémie a critiqué les scribes pour leurs traditions qui ont détourné les individus des enseignements divins. Ces derniers altéraient la loi dans le but de l’aligner avec leur propre style de vie, cherchant ainsi à légitimer leurs fautes, réduisant par conséquent la loi à un ensemble de rituels cérémoniels.