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Isa, Uzayr, Idriss : Vers des origines nazaréennes du Coran (Article de réflexion)

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Islam – Réflexion  – Isa, Uzayr, Idriss : Vers des origines nazaréennes du Coran (Article de réflexion)

Remarque : Le présent post est un article de réflexion basé sur certains faits historiques issus d’une recherche approfondie dans le but de nous faire réfléchir sur question des origines nazaréennes du livre saint de allah en exploitant la piste des personnages nommés Isa, Uzayr et Idriss. Cet article ne vous impose pas une opinion mais vous pousse au questionnement.

I. Introduction

Lorsqu’un crime est commis, il est souvent possible d’identifier le coupable grâce à ses erreurs ; ce sont généralement de petits détails auxquels il n’a pas prêté attention, mais qui permettent aux enquêteurs de retracer son chemin et de le confondre. L’analyse de ces détails peut être complexe : il faut d’abord les remarquer, puis les comprendre. Les jurés qui doivent décider d’une condamnation le font souvent sur la base d’un détail précis ; des séries télévisées comme Les Experts ont cependant familiarisé le public avec ce type d’enquête. De même, la découverte de falsifications historiques, quelle qu’en soit la nature, suit un processus similaire.

Selon la perspective musulmane, le Coran a été dicté par un ange à un homme nommé Muhammad, qui a ensuite transmis à ses contemporains les paroles qu’il recevait de Dieu. En revanche, d’autres, comme nous, soutiennent que le Coran pourrait inclure des traductions de textes nazaréens provenant de Petra.

II. Concernant les Nazaréens

Le Coran déclare au verset 62 de la Sourate II : Certes, ceux qui ont cru, ceux qui ont embrassé le judaïsme, ainsi que les nazaréens et les sabéens, etc. Les chrétiens, qui sont l’un des sens du terme nazaréen, n’ont jamais été judaïsés ; ce terme (نصََّٰىرٰ) désigne plutôt des esséniens ou des nazaréens, en hébreu notzèrîm, signifiant gardiens. En ce qui concerne les sabéens, souvent traduits par convertis, ce mot (صبَّٰءِنيَ) provient de l’hébreu et/ou de l’araméen (ts b, soldat, armée) ou, plus probablement, du syriaque (ts b ‘, signifiant conversion par immersion selon Yehudah Segal). Une traduction plus précise serait donc : Certes, ceux qui ont cru et ceux qui ont judaïsé, [ce sont] les nazaréens (Gardiens) et les sabéens (baptistes ou soldats), etc.

Les Sabéens et les Nazaréens ne représentent probablement pas deux religions distinctes, mais plutôt des disciples esséno-sadducéens qui suivaient El_Qasay. Bien qu’ils ne soient pas juifs, ils ont combattu aux côtés des Juifs contre les légions romaines durant la Révolte des Communautés (115–118). Ils ont payé un lourd tribut et ont subi le même destin que les Juifs, étant exterminés comme eux. Les quelques survivants se sont alors cachés en formant de petites communautés en Syrie et à Petra…

Les communautés syriennes ont disparu ou, plus précisément, ont adopté un dualisme radical et sont devenues les adeptes du mouvement religieux connu sous le nom de manichéisme, fondé par un elqasaïte nommé Mani. Cela explique pourquoi ces communautés possédaient le Livre des Géants, qui correspond au Sefer Nefilim découvert à Qumran. Les communautés nazaréennes de Petra ont survécu pendant plusieurs siècles, entourées de païens puis de chrétiens. La ville de Petra a subi de lourds dommages à cause de plusieurs séismes (363, 419, 551, etc.), marquant le début de l’exil pour les nazaréens, qui se sont réfugiés en Arabie et ont converti des tribus à leur version particulière du judaïsme.

Dan Gibson, un spécialiste dans son ouvrage Quranic Geography, a démontré que les plus anciennes mosquées (avant 700) étaient orientées non vers La Mecque, mais vers Petra ; ce n’est qu’après 750 que la direction (qibla) a été modifiée pour se tourner vers La Mecque. De plus, de nombreuses descriptions de La Mecque présentes dans le Coran ou les Hadiths correspondent à la ville de Petra plutôt qu’à La Mecque (par exemple, la forêt près de La Mecque, les vignes et les montagnes environnantes, qui n’ont jamais été découvertes, et toutes les analyses montrent qu’il n’y a jamais eu de vignes ni même d’arbres près de La Mecque). Il est suggéré que le sanctuaire (la Ka’aba, un terme latin arabisé signifiant le cube) pourrait avoir été déplacé à la fin du VIIe siècle.

Il est difficile de déterminer la distinction précise entre les sabéens et les nazaréens. Cependant, si des différences existaient, on pourrait dire que le sabéisme se concentre sur la purification par l’eau, tandis que le nazaréisme se focalise sur la méditation sur le feu angélique. Ces distinctions n’étaient probablement plus reconnues au VIIe siècle, et il est probable que ces deux écoles se soient amalgamées en une seule. On peut donc considérer, comme nous le faisons, qu’il ne s’agit que d’une seule école, mais que ses pratiques se répartissent entre des rituels préliminaires (purification par l’eau) et des rituels secrets (purification par le feu ou angélique).

III. Concernant Isa

Le nom arabe de Jésus, °îsâ (عيسى), est assez intéressant. En hébreu, Jésus se nomme Yèhôshu°a (יהושע), ce qui correspond à Josué, et peut être abrégé en Yèshu°a (ישע) ou Yèshû°a (ישוע). Si l’on translittère le nom °îsâ en hébreu, on obtient un nom complètement différent : עישא, composé des lettres °ayin, yod, sin et ‘alef. De nombreux historiens sont perplexes face à cet °ayin initial, qu’ils comprennent mal ; en effet, il y a un °ayin dans le nom hébreu de Jésus, mais il se trouve à la fin du nom et non au début.

IV. Interlude sur les esséniens et le Maître de Justice

Si l’on avait depuis longtemps confronté les manuscrits de la Mer Morte, en particulier les Hôdayôth, aux écrits de Flavius Josèphe, il aurait été facile de deviner l’identité du Maître de Justice. En effet, ces psaumes contiennent de nombreuses allusions au règne d’Alexandre Jannée, ce qui aide à établir le contexte temporel. De plus, il est connu que le Maître de Justice des esséniens a été exécuté par les pharisiens, et Flavius Josèphe mentionne deux personnages qui pourraient correspondre à cette description : Onias Traceur de Cercle (Honi HaMe’aguel) et Diogène.

Onias Traceur de Cercle est un célèbre faiseur de miracles qui a été exécuté par les pharisiens, qui soutenaient Hyrcan II dans sa lutte contre son frère Aristobule II, soutenu par l’aristocratie, selon Flavius Josèphe. Cependant, le Talmud propose une version différente de cette histoire. Bien que cette identification ait de nombreux partisans, nous ne considérons pas Onias comme le Maître de Justice des Esséniens, mais plutôt comme un essénien de premier plan. Le Talmud le décrit comme un descendant de Moïse, ce qui signifie qu’il n’était pas prêtre, mais simplement lévite.

Diogène, quant à lui, n’a jamais été identifié comme le Maître de Justice avant notre analyse. Flavius Josèphe le présente comme le second d’Alexandre Jannée et comme le responsable de la crucifixion de 900 pharisiens, exécutés pour haute trahison après avoir livré des villes judéennes aux Syriens et constitué des troupes juives au service de Démétrios III, roi de Syrie de -96 à -88. Le responsable de ces exécutions, qui est également mentionné dans le Rouleau dit du Temple retrouvé à Qumran (qui serait plus justement intitulé Code Sadducéen), est souvent perçu comme un soldat, alors que le Maître de Justice était probablement un qohen, un prêtre descendant d’Aaron.

Diogène est également documenté par une autre source, la version syriaque du Livre des Macchabées, parfois appelée le Cinquième Livre des Machabées, publiée dans les Livres Apocryphes de l’Ancien Testament, Tome IV, à Paris par Desprez et Desessartz en 1717.

Les Sadducéens étaient dirigés par un certain Diogène, qui, grâce à son influence auprès d’Alexandre, avait réussi à convaincre ce prince de faire exécuter huit cents Pharisiens. Par la suite, les chefs des Pharisiens se rendirent auprès de la Reine pour lui exposer les actions de Diogène à leur encontre et demandèrent la permission de le faire tuer, ce qu’ils obtinrent. (Les Machabées, Livre IV, Chapitre XXXII, page 111).

Il serait surprenant que le leader des Sadducéens ne soit pas un qohen. Flavius Josèphe mentionne : C’est ainsi qu’ils [les pharisiens] firent exécuter un homme influent, Diogène, qui avait été l’ami d’Alexandre. (Guerre, Livre I, Chapitre V, §3)

Dans le langage de Flavius Josèphe, un homme de renom désigne un qohen ou un prêtre descendant d’Aaron. Il souligne constamment dans son œuvre que l’aristocratie dans le Judaïsme est de nature sacerdotale. Le terme Maître de Justice pourrait simplement être une appellation poétique pour désigner le Chef des Sadducéens. En effet, dans l’Écrit de Damas, les esséniens se désignent comme les Fils de Sadoq, ce qui signifie Fils de la Justice, donc les Justes, les Sadducéens. Il est également connu que le Maître de Justice se qualifiait d’Ami du Roi; on a souvent interprété cela comme signifiant uniquement l’ami de Dieu, mais cette expression pourrait également indiquer plus simplement qu’il était l’ami du roi de Judée, à savoir Alexandre Jannée.

Il est intéressant de noter que l’ami du roi pourrait aussi faire référence à la Maison de Theophilos (probablement Yedidyah en hébreu), une des grandes lignées sacerdotales de la classe de Yedoyariv, qui était la plus influente parmi les classes sacerdotales, à laquelle appartenaient à la fois les hasmonéens et Flavius Josèphe. Ce dernier est d’ailleurs probablement l’un des fils du dernier grand-prêtre Mathathias Théophilos II, ce qui pourrait expliquer sa nomination à l’âge de 27 ans en tant que commandant des forces insurrectionnelles de Galilée, avec entre 50 000 et 100 000 hommes sous son commandement.

On pourrait nous faire remarquer que Flavius Josèphe décrit les esséniens comme des pacifistes, mais Diogène, qui a été le bourreau des pharisiens, ne correspond pas du tout à cette image. En réalité, les esséniens n’étaient pas des pacifistes, comme le montrent les textes découverts à Qumran ; ils étaient des révolutionnaires eschatologiques luttant pour l’avènement du Royaume de Dieu, comme l’indique la Règle de Guerre. Jean Le Moine, dans son étude sur les Sadducéens (Les Sadducéens, Paris, Lecoffre et Gabalda, 1972), a bien compris que l’assimilation des sadducéens à des épicuriens, comme le soutiennent Flavius Josèphe et les évangiles, est historiquement insoutenable. Il considère que les sadducéens historiques étaient probablement des prêtres nationalistes. Nous soupçonnons également Flavius Josèphe d’avoir délibérément brouillé les pistes pour présenter un judaïsme pacifique aux empereurs romains. Ainsi, les esséniens n’ont jamais réellement existé ; ils sont une invention destinée à garantir la survie du judaïsme sacerdotal. La compréhension des quatre écoles juives se résume ainsi : les pharisiens sont les ancêtres des rabbins et les adversaires de Flavius Josèphe, représentant le courant laïc du judaïsme, tandis que les sadducéens défendent un judaïsme sacerdotal, mais fortement militarisé et apocalyptique dans son ésotérisme.

Les trois écoles suivantes sont des dérivés de l’authentique sadducéisme :

• Ceux que Flavius Josèphe désigne comme sadducéens et décrit comme des épicuriens matérialistes sont ceux qui s’allient avec les pharisiens, acceptant la corruption du Temple et appliquant les règles pharisiennes concernant les sacrifices (on peut se référer au Miqsat Ma’ase ha-Torah ou Quelques Préceptes de la Torah, dont les décisions juridiques s’opposent directement à celles des rabbins du Talmud) ;

• Les sadducéens qui ne s’associent pas au pouvoir romain sont les sicaires ou zélotes, mais Flavius Josèphe les présente comme des pharisiens, jouant sur le double sens du terme pharisien, perûshîm, qui signifie à la fois séparés et ceux qui interprètent la Loi avec précision;

• Les sadducéens qui rejettent les décisions rabbiniques concernant les sacrifices sont les esséniens, qui ont abandonné le service du Temple et se sont retirés du monde, refusant d’y participer. Dans son œuvre, ils sont dépeints comme des juifs pacifistes innocents, victimes d’erreurs de la part des Romains, tout comme Jésus et Jacques. En ce qui concerne leur doctrine, Flavius Josèphe la décrit comme un pythagorisme juif (très prisé par les Romains), tandis que l’essénisme est simplement une interprétation ésotérique de la Torah pratiquée par les sadducéens.

V. °îsa est-il Jésus ou °asayah-Diogène, le Maître de Justice ?

Revenons à Diogène. Ce nom n’est pas d’origine hébraïque, mais il est probablement une traduction de son nom hébreu. Par exemple, Mathithyahû peut être rendu sous les formes Mathathias ou Dosithée, ainsi que Théodore, Théodose et Dorothée, tous signifiant don de Dieu. La conversion vers l’hébreu peut être complexe et il existe plusieurs options : Mathithyahû, Yonathan et Nathana’èl signifient tous Don de Dieu, ce qui rend difficile de déterminer si un Juif nommé Dosithée en grec portait en hébreu le nom de Mathithyahû, Yonathan ou Nathana’èl. Diogène se traduit par Fabriqué ou fait par Dieu, ce qui correspond à deux prénoms hébraïques mentionnés dans la Bible : °asayah (עשיה) ou, de manière moins probable, °asay’èl (עשיאל).

Le nom °asayah débute effectivement par un °ayin et est probablement à l’origine du nom coranique °isa, ce qui indique que le Maître de Justice, sous sa véritable identité, a continué à être vénéré des siècles après sa mort. Cependant, le succès de Jésus dans le christianisme a fini par le faire ombrager, et à l’époque de la rédaction du Coran (VIe–VIIe siècle), les deux figures, Jésus et °asayah, se sont mélangées. Les musulmans affirment que °îsâ a été créé par Dieu, ce qui est ironique, car cela correspond simplement à la signification de son nom. En effet, °asayah dérive de la racine trilittère °/s/h (עשה), qui signifie créer ou fabriquer, et de Yah (יה) ou ‘èl (אל), qui signifient Dieu ; ainsi, son nom se traduit par créé ou fabriqué par Dieu. Le °îsâ des musulmans partage le nom et certaines caractéristiques avec le Maître de Justice °asayah, mais la plupart de ses attributs proviennent de la figure de Jésus, qu’elle soit considérée comme hérétique ou non dans le christianisme.

VI. Concernant Idris

Idris est mentionné dans deux versets du Coran. Dans le premier, en 21, 85–86, il est dit :  Et Ismaël, Idris et Dhul-Kifl, qui étaient tous des hommes patients, Nous les avons accueillis dans Notre miséricorde, car ils faisaient vraiment partie des gens de bien.

Dans le second, en 19, 56–57, il est écrit : Et mentionne Idris dans le Livre. C’était un homme véridique et un prophète. Nous l’avons élevé à un rang élevé. Idris est souvent associé à Hanokh, mais parfois aussi à Hermès Trismégiste, ce qui a permis aux alchimistes d’échapper à une trop grande persécution de la part des autorités musulmanes, et même de voir certains de ses écrits traduits en arabe.

Le nom d’Idris demeure mystérieux ; en arabe, il s’écrit ‘(alif)dris (إدريس), et le lien avec Henoch (hébreu Hanokh, חנוך) n’est pas évident, bien que ce dernier signifie  instruire, initier, inaugurer et même bâtir. Il est intéressant de noter que la fête de Hanûkah dérive de la même racine et signifie la Fête de l’Édification (en hébreu, hag_hahanûkah, חג החנוכה), ce qui évoque l’inauguration du Temple, célébrée après que Yehudah Macchabée l’ait purifié des profanations des Séleucides. Le nom d’Idris semble dériver de l’hébreu d/r/sh (דרש), qui signifie instruire ou chercher, mais cela ne clarifie pas son origine.

Les manuscrits de Qumran évoquent un autre personnage mystérieux, désigné comme le Dôresh_haTorah (דורש־תורה), ou  l’Instructeur de la Loi, qui est probablement un titre, possiblement celui d’un Maître de Justice ou même de Hanokh lui-même. Avec le temps, ce titre a pu se transformer en nom, ce qui pourrait expliquer l’origine du nom Idris. Ainsi, lors de la translittération des manuscrits nazaréens ou pré-Coraniques de l’araméen au nabatéen, puis de l’arabe, des erreurs ont pu se glisser dans les noms. L’ajout de l’alif initial (DRS > ‘iDRIS) a probablement été effectué par les traducteurs des documents araméo-nabatéens utilisés pour rédiger le Coran, pour des raisons de sonorité, après avoir interprété le titre d’ Instructeur de la Tôrah  comme un nom propre.

VII. Concernant  °uzayr

°uzayr est mentionné deux fois dans le Coran selon les commentateurs musulmans, qui estiment que le verset 2–259, qui évoque un homme ressuscité après une centaine d’années en raison de ses questions sur la résurrection en voyant une ville en ruines, fait référence à °uzayr. Cependant, cette histoire semble plutôt concerner Onias, le Traceur de Cercles (voir ci-dessus). En effet, selon le Talmud, il aurait dormi pendant 70 ans, et à son réveil, personne ne le reconnut. La ville en ruines mentionnée dans le Coran est probablement Jérusalem en -63, qui a été dévastée par la guerre civile entre Hyrcan II et Aristobule, et qui allait bientôt être presque entièrement détruite par Pompée.

Le seul verset qui évoque °uzayr se trouve dans le Coran 9–30 : Les Juifs affirment : ‘°uzayr est le fils de Dieu’, et les nazaréens [entendu ici comme chrétiens] déclarent : ‘Le Messie est le fils de Dieu’. Voilà ce qu’ils disent de leur propre bouche. Ils reproduisent les paroles des mécréants qui les ont précédés. Que Dieu les anéantisse ! Comment peuvent-ils s’éloigner de la vérité ?

°uzayr s’écrit en arabe عزير et se translittère en hébreu עזיר (composé des lettres °ayin, zayn, yôd et resh), ce qui correspond presque parfaitement au nom °ezrâ, écrit en hébreu עזרא. Ainsi, °uzayr doit être assimilé à °ezrâ, le Scribe, connu en français sous le nom d’Esdras. Cependant, le verset pose un problème majeur, car il n’existe aucune preuve que les Juifs aient jamais considéré °ezrâ comme un fils de Dieu. Il est toutefois possible que les esséniens aient désigné le Maître de Justice comme un Fils de Dieu, signifiant dans leur terminologie un homme ayant atteint un état angélique de son vivant. Notre perspective grecque nous amène à penser que le titre de Fils de Dieu implique que Dieu aurait un fils, alors qu’en hébreu, cette expression est une métaphore poétique pour désigner les anges. Un homme angélique est donc celui qui, dès cette vie, a atteint un état de résurrection, vivant déjà dans l’éternité, ce qu’on appelle aussi l’angélomorphisme.

Mais la question demeure : pourquoi °ezrâ ? Un texte qui a été très prisé par les esséno-sadducéens et rejeté par les pharisiens est la Sagesse de Ben Sira, également connue sous le nom de Siracide ou Ecclésiastique. Composé vers -200, ce texte présente une énigme : à la fin, il mentionne les grandes figures du judaïsme, mais omet °ezrâ ; il cite Néhémie et Zorababel, mais pas °ezrâ. Cette omission a surpris de nombreux spécialistes qui se demandent comment l’homme qui a rétabli la Torah après sa perte due à la destruction du Temple peut être absent de ce texte. Reconstruire la Torah après sa perte est une action cruciale dans l’histoire du judaïsme ; sans lui, nous n’aurions pas le Pentateuque. Une telle absence semble plus être un rejet qu’un simple oubli, tant son omission est incompréhensible.

Parmi les manuscrits de Qumran, on a trouvé un seul exemplaire du Livre d’Esdras, 4Q117, et les trois fragments qui le composent se réfèrent à Zorobabel. La structure du Livre d’Esdras ressemble à un centon, ce qui signifie que ces passages pourraient ne pas appartenir au Livre d’Esdras lui-même, mais à une œuvre qui y a été intégrée. En comparaison, on a retrouvé des fragments de quatre exemplaires du Livre de Ruth. Un des éléments qui pourrait expliquer le rejet partiel d’Esdras est son opposition aux mariages mixtes, qui sont acceptés dans le Rouleau du Temple (où une compagne juive devient juive après sept ans de mariage). De plus, °ezrâ a rejeté les Israélites ayant épousé des non-Juives sans jamais proposer de conversions pour celles-ci. En revanche, les conversions semblent largement acceptées dans le sadducéisme, parfois même imposées : les Iduméens ont été convertis de force par Jean Hyrcan et les Ituréens par Alexandre Jannée. Flavius Josèphe décrit les sicaires comme pratiquant des conversions forcées ou semi-forcées, où la circoncision ou la mort étaient des options.

D’autres éléments montrent que l’évangile fait allusion à Bannous, un disciple de Jean le Baptiste et maître spirituel de Flavius Josèphe, qui était un converti. C’est lui qui a dirigé la révolte anti-romaine de 55, rapidement réprimée par le procurateur Antonius Felix, et il est probablement celui qui a été exécuté en 62 par Hanan ben Hanan, et non Jacques, le frère du Christ, afin d’éviter une tentative d’insurrection pendant une période de vide de pouvoir romain. Les mariages mixtes sont un vieux sujet de débat dans le judaïsme, non pas par racisme comme le pensent certains antisémites, mais parce que de nombreux convertis ne sont pas toujours prêts à respecter les règles de pureté qui leur sont normalement imposées. Par exemple, la mère de Samson, qui était non-juive, devait encore apprendre le judaïsme alors qu’elle était déjà enceinte de son fils, et cela par l’intervention d’un ange.

Si les mariages mixtes avaient réellement été interdits par Dieu, Moïse n’aurait pas épousé deux fois des non-Juives. On pourrait dire que Séphora a été épousée avant qu’il ne reçoive la Torah, mais sa seconde épouse l’a été après. Cela suggère qu’il n’y avait rien dans la révélation divine qui s’y opposait. L’importance du Livre de Ruth (qui présente le discours d’une convertie) pour les esséniens et l’acceptation de tels mariages dans le Code sadducéen (le Rouleau du Temple) pourraient indiquer que c’est pour cette raison qu’ils ont rejeté °ezrâ/Esdras. Il est également important de noter que les sadducéens suivaient une lignée patrilinéaire, ce qui signifie qu’un enfant né d’un Juif et d’une non-Juive était considéré comme Juif, contrairement aux pharisiens qui suivaient une lignée matrilinéaire, où seuls les enfants d’une Juive et d’un non-Juif étaient reconnus comme Juifs.

Revenons à °uzayr. Il est évident que son nom fait référence à °ezrâ/Esdras, mais sa désignation en tant que Fils de Dieu est plus en lien avec Hanôkh ou le Maître de Justice, qui sont tous deux perçus comme ayant atteint un état de résurrection durant leur vie et sont appelés Instructeurs (Moïse en fait également partie). Mais comment a-t-on pu passer de ces sages à °uzayr/°ezrâ ? Nous pensons que la réponse est plus simple qu’il n’y paraît. Le Coran n’est pas le fruit d’un seul auteur, mais le résultat du travail de nombreux groupes, ce qui a entraîné des contradictions.

Un éditeur belge actif dans les années 45, responsable des éditions de la Boétie, avait eu une idée astucieuse pour traduire des romans sans débourser un centime : il publiait une annonce pour recruter un traducteur russe-français, puis recevait plusieurs candidats à qui il donnait des pages d’un livre de Dostoïevsky à traduire comme test. Tous ces candidats maîtrisaient le russe, donc les traductions ne posaient pas de problème. Cependant, lorsqu’il s’agissait de translittérer des noms, des habitudes de traduction apparaissaient. Par exemple, dans un même ouvrage, le prénom Yvan pouvait être écrit IVAN dans certaines pages et YVAN dans d’autres.

D’autres personnages, comme Pavel, pouvaient être appelés alternativement PAVEL, PAWEL, PAUL ou POL selon les traducteurs, tout comme Fiodorovitch ou Fédorovitch. Cela montre que plusieurs traducteurs ont travaillé sans coordination. Bien que cela puisse sembler trompeur, cela illustre une diversité de contributions, ce qui est probablement ce qui s’est produit avec °uzayr.

Les traducteurs vers l’arabe ont rencontré le terme DRS, qui signifie Instructeur. Certains l’ont interprété comme ‘idrîs (voir ci-dessus), tandis que d’autres ont cherché à identifier à quel prophète DRS ou ‘idrîs correspondait. La seule identification phonétiquement proche qu’ils ont pu trouver était le nom grec d’°ezra, soit Esdras. Ils ont ensuite découvert qu’Esdras se disait °ezrâ en hébreu et ont préféré le translittérer en °uzayr, ce qui leur semblait plus logique. Ainsi, nous avons :

1. DRS (Instructeur confondu avec un nom inconnu) > Idrîs

2. DRS (Instructeur confondu avec Esdras, le nom grec d’°ezrâ) > °uzayr. En somme, Idris et °uzayr désignent en réalité le même personnage, qualifié d’Instructeur, dont le titre a été confondu avec des prénoms.

VIII. Conclusions

Le Coran trouve ses origines dans des textes nazaréens utilisés à Petra, qui ont été traduits ou translittérés en arabe au début du VIIe siècle. Les traducteurs ont rencontré des difficultés avec certains noms et titres, ce qui a entraîné des confusions. Ils ont mélangé le nom véritable du Maître de Justice, °asayah, avec celui de Jésus, attribuant les caractéristiques de ce dernier au premier. De plus, ils ont mal interprété un des titres du Maître de Justice, Instructeur, qu’ils ont pris pour un nom ; certains l’ont arabisé en ‘idrîs, tandis que d’autres ont pensé qu’il s’agissait d’une erreur pour Esdras, le transformant en °ûzayr en arabisant le nom hébreu °ezrâ. L’origine nazaréenne du Coran éclaire davantage ce texte, bien que d’autres influences doivent également être prises en compte. Par exemple, la sourate III contient des références au Proto-évangile de Jacques et à d’autres évangiles de l’enfance, des textes que les véritables nazaréens auraient probablement rejetés.

Il est important de noter que les nazaréens, bien qu’étant des convertis et descendants de convertis, en sont venus à se considérer comme Juifs. Ils ont également converti des tribus arabes à leur version du judaïsme. Ces tribus ont ensuite tenté de se faire reconnaître comme Juifs par les Rabbins, ce qui leur a été refusé. Cela correspond à un passage du Coran où Muhammad (représentant les tribus arabes judaïsées) annonce aux Juifs de Médine (les Rabbins) sa mission prophétique, affirmant que ces tribus sont véritablement juives, ce que les Juifs contestent. Cela a conduit à une rupture entre Juifs et nazaréens, ces derniers évoluant vers l’Islam.

On peut également envisager que l’histoire talmudique concernant Jésus, qui se sent rejeté par un rabbin et qui sort pour adorer une pierre, fait allusion à Muhammad ou aux tribus arabes judaïsantes qui pratiquaient un judaïsme très inorthodoxe et qui ont refusé les tentatives de réconciliation, se croyant rejetées par les Rabbins. Bien qu’elles aient effectivement été rejetées, ce n’était probablement pas pour les raisons qu’elles imaginaient.

Il est évident que l’Islam conserve de nombreux éléments du judaïsme, mais ceux-ci ont été profondément transformés. Par exemple, il est facile de voir que la Ka’aba (le cube de La Mecque) autour de laquelle les pèlerins effectuent sept tours est inspirée des tefilin que les Juifs portent sur la tête et le bras gauche lors de leurs prières quotidiennes, où la lanière est enroulée sept fois autour du bras, correspondant au nombre de tours effectués lors du pèlerinage à La Mecque. De plus, ils ont également adopté les ablutions pratiquées par les sabéens.

 

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