Encyclopédie de religions africaines – ABELA
Avant Propos : Chers lecteurs et lectrices, avant de vous lancer dans la lecture de ce contenu nous vous conseillons de lire d’abord notre article d’introduction, vous le trouverez en cliquant sur le lien en surbrillance suivant : Encyclopédie de religions africaines – Introduction : Notions et Concepts. Ce dernier vous permettra de mieux appréhender le sens que nous voulons donner à l’ensemble de cette rubrique.
Abela est une manière simple de saluer les étrangers et les personnes familières chez le peuple Ngemba du Cameroun. Elle est généralement interprétée comme Comment ça va ? La réponse est abongne, qui signifie C’est bien. Cette expression est courante parmi les Ngemba, un groupe ethnique de la province du Nord-Ouest du Cameroun. Les Ngemba résident dans plusieurs villes importantes du pays et comptent près de 2 millions d’habitants à Tuba, Mankon, Nkwen et d’autres localités de la province de Bamenda-Ouest.
Parmi les locuteurs Ngemba, on trouve plusieurs groupes familiaux qui utilisent abela comme salutation. Ces groupes incluent les Pinyin, Mankon, Awing, Bambulewie, Bafut, Bafreng, Mandankwe, Mbili, Mbambili, Mbui, Bamunkum et Kpati. Pour ces personnes, le terme abela revêt une signification ancienne liée aux interactions avec les étrangers et les autres. Il marque la reconnaissance de l’individu, car ignorer une autre personne est considéré comme une violation d’un tabou. Par conséquent, cela est perçu comme un acte de négligence et de manque de respect.
Bien qu’Abela soit une forme simple de salutation sans origine rituelle, elle sert à initier des conversations et à créer un climat de familiarité et d’amitié, favorisant ainsi une certaine pression sociale entre les Ngemba et les personnes extérieures qui l’utilisent. Le terme abela est devenu si populaire que même des membres d’autres groupes ethniques l’emploient pour saluer lorsqu’ils rencontrent une personne Ngemba. Cela témoigne d’hospitalité et de politesse, et fait partie de la grâce qui montre la connexion, l’unité et le respect.
On pense que les Ngemba ont migré d’un endroit appelé Feulu, situé à Tibati près de Banyo dans la province de l’Adamawa, en République du Cameroun, en raison des fréquentes guerres interethniques entre les Ngemba et les Fulani, un peuple commerçant et martial puissant. Les Ngemba ont quitté Feulu sous la direction d’Aghajoo, un homme riche ayant remporté de nombreuses victoires en guerre, et ont fait une halte brève mais significative dans les plaines fertiles et pittoresques de Ndop. En raison d’une forte concurrence pour le territoire et de conflits avec d’autres groupes ethniques migrants, le groupe Ngemba a quitté Ndop et a poursuivi son voyage, s’installant près du grand fleuve Mezam où ils ont organisé leurs familles.
Les Africains utilisent généralement des salutations comme abela pour évaluer la situation d’une famille, le bien-être économique d’une communauté, ainsi que la relation avec les ancêtres et le monde spirituel. Ainsi, la salutation abela, tout comme d’autres expressions similaires dans différentes langues, reflète l’équilibre entre les communautés. Demander à quelqu’un Comment ça va ? va au-delà de la simple présence de l’individu ; c’est une recherche d’une réponse plus profonde concernant l’état et la vie de la communauté.
Une salutation typique commence par l’expression abela et se poursuit par des questions concernant les membres de la famille, les proches et même les animaux. Pour vraiment comprendre comment ça va, il faut explorer l’ensemble de l’univers de la personne que l’on salue. Ainsi, ce n’est pas un geste rapide de lever la main et de passer son chemin. La question doit être sincère, et le questionneur reçoit généralement une réponse complète et détaillée. C’est ainsi que fonctionne la réciprocité dans la culture Ngemba.
Sources complémentaires : Ayotte, M., & Lamberty, M. (2003). Enquête sociolinguistique d’évaluation rapide parmi le groupe de langues NGEMBA : Mankon, Bambili, Nkwen, Pinyin et Awing, dans les subdivisions de Bamenda, Santa et Tubah, Division de Mezam, Province du Nord-Ouest (Rapports électroniques d’enquête SIL 2003–002). http://www.sil.org/silesr/abstract.asp?ref=2003-002. Sadembouo, E., & Hasselbring, S. (1991). Enquête sociolinguistique sur les langues Ngemba. Yaoundé, Cameroun : Centre de recherche et d’étude anthropologique, Société internationale de linguistique. Soh Bejeng, P. (1978). Histoire et institutions sociales dans les chefferies Ngemba de Mbatu, Akum, Nsongwa, Chomba et Ndzong (Travail et documents de l’ISH, n° 9). Yaoundé, Cameroun.