23.3 C
Louisiane
mardi, 5 novembre, 2024
AccueilIslam(Q 19 : 27)-Marie Sœur d'Aaron : Étude d'une erreur ou contradiction...

(Q 19 : 27)-Marie Sœur d’Aaron : Étude d’une erreur ou contradiction coranique

Date:

Articles Connexes

Deux ours, un prophète et des enfants

Le Coin débats - Deux ours, un prophète et...

Rebecca avait-elle 3 ans lorsqu’elle a épousé Isaac ?

Le Coin débats - Rebecca avait-elle 3 ans lorsqu'elle...

Abraham a-t-il construit la Kaaba ?

Islam & Le  coin  débat :  Abraham a-t-il construit...

Les origines païennes du ramadan

Islam - Réflexion  - Les origines païennes du ramadan Le...

Aux origines du Coran – Article de synthèse

Islam  - Aux origines du Coran - Article de...
spot_imgspot_img

Islam & Le  coin  débat : (Q 19 : 27) – Marie Sœur d’Aaron, disait le Coran : Étude d’une erreur ou contradiction coranique.

Dans le Coran, l’expression “Maryam, sœur d’Haroun” fait référence à Marie, la mère de Jésus. Cette association a été critiquée depuis le 8ème siècle, certains avançant que c’était une erreur manifeste, arguant que le prophète Muhammad aurait confondu la mère de Jésus avec la sœur de Moïse et d’Aaron, qui portent le même nom en arabe, Maryam. Selon les récits bibliques, ces deux femmes auraient vécu à des époques séparées par plus de mille ans. Muhammad aurait clarifié dans les hadiths que cette critique reposait sur un malentendu, bien que de nombreux textes indiquent que certains restaient sceptiques.

Finalement, il semble que les traditions du Hadith et de la sirah aient fini par affirmer que la sœur d’Aaron et de Moïse s’appelait Kulthum et non Miriam, ce qui soulignerait une méconnaissance fondamentale du contexte de ces versets et de leur lien avec les deux Miriams bibliques. En opposition à cette narration traditionnelle, certains chercheurs contemporains ont identifié dans cette sourate un réseau complexe de références intertextuelles, suggérant que le texte original s’adressait à un public très instruit et chrétien.

1. Ce que dit la Bible et le Talmud au sujet de Marie

Miriam, Aaron et Moïse étaient les descendants d’Amram (connu sous le nom d’Imran en arabe).

Les enfants d’Amram : Aaron, Moïse et Miriam.

1 Chroniques 6:3

Marie, mère de Jésus, était issue de Joachim et appartenait à la lignée de David (et non à celle d’Aaron) :

La Vierge Marie, bénie et toujours glorieuse, issue de la race royale et de la famille de David, naquit dans la ville de Nazareth et fut éduquée à Jérusalem, dans le temple du Seigneur. Son père s’appelait Joachim et sa mère Anna. La famille de son père était originaire de Galilée et de la ville de Nazareth. La famille de sa mère était de Bethléem.
L’évangile de la naissance de Marie, 1:1-2

2. À propos père de Moïse

Dans la langue hébraïque, il est désigné sous le nom d’Amram (עַמְרָם), caractérisé par la lettre mem (ם) en finale. De même, dans la Bible arabe, il est nommé Amram (عمرام), avec la lettre meem (م) comme dernière lettre :

أبْناءُ عَمْرامَ هُمْ هارُونُ وَمُوسَى وَمَرْيَمُ

Les enfants d’Amram : Aaron, Moïse et Miriam.

1 Chroniques 6:3 dans la Bible en arabe

Dans les textes islamiques, il est désigné sous le nom d’Imran (عمران). Les traducteurs anglais préfèrent souvent rendre ce nom par Amram. Voir La généalogie de Moïse b. Amram -Histoire de at-Tabari, volume 3.

Dans la version originale en arabe, la lettre nūn (ن) se trouve à la fin.

ذكر نسب موسى بن عمران

Généalogie de Musa bin Imran (عمران)

Histoire d’at-Tabari (ِArabe)

3. Mention de Marie dans le Coran

Marie, la mère de Jésus, est appelée sœur d’Aaron dans la sourate 19 :

Puis elle l’amena aux siens, en le portant. Ils dirent : « Marie, tu as fait une chose inouïe. Sœur d’Aaron, ton père n’était pas un homme de mal, et ta mère n’était pas impudique. Elle le montra du doigt. Ils dirent : « Comment pouvons-nous parler à celui qui est au berceau, un enfant ? » [Jésus] dit : « Je suis le serviteur d’Allah. Il m’a donné l’Ecriture et a fait de moi un prophète. Il m’a fait bénir où que je sois et m’a prescrit la prière et la zakah tant que je serai en vie. Il a fait de moi un homme dévoué à ma mère et n’a pas fait de moi un tyran misérable. Et la paix est sur moi le jour où je suis né, le jour où je mourrai et le jour où je serai ressuscité vivant ». C’est Jésus, le fils de Marie, la parole de vérité sur laquelle ils s’affrontent.

Coran 19:27-34

Dans le Coran, Marie est désignée comme la fille d’Imran.

Et Marie, fille de ‘Imran, dont le corps était chaste, Nous y avons insufflé quelque chose de Notre Esprit. Elle crut aux paroles de son Seigneur et à ses Écritures, et fut du nombre des obéissants.
Coran 66:12

Le Coran mentionne également que l’épouse d’Imran a donné naissance à la vierge Marie, qui à son tour a donné naissance à Jésus. Ici, le terme “épouse d’Imran” est exprimé par imra’atu ʿim’rān, qui se traduit littéralement par “femme d’Imran”, bien que cette même formulation désigne clairement une “épouse” quelques versets plus loin (Coran 3:40), ainsi que dans plusieurs autres passages.

[Mentionne, ô Mohammed, que l’épouse de ‘Imran a dit : « Mon Seigneur, je T’ai donné en gage ce que j’ai dans le ventre, consacré [à Ton service] ; accepte donc cela de moi. Tu es l’Audient et le Connaisseur. »
Mais lorsqu’elle l’eut mise au monde, elle dit : « Mon Seigneur, j’ai mis au monde une femelle. » Et Allah savait parfaitement ce qu’elle avait mis au monde : « Le mâle n’est pas comme la femelle. Je l’ai appelée Marie, et je cherche refuge pour elle auprès de Toi, ainsi que pour sa descendance, contre le Diable, l’expulsé [de la miséricorde d’Allah].
Coran 3:35-36

Le Coran fait référence à des familles éminentes :

En effet, Allah a choisi Adam et Noé, la famille d’Abraham et la famille de ‘Imran parmi les mondes…

Coran 3:33

4. La base de la confusion apparente

La confusion apparente dans l’histoire originale de Jésus se manifeste de deux manières :

1. En désignant Marie comme la sœur d’Aaron et 2. En la nommant fille d’Imran.

La réponse la plus simple à la manière dont les détails ont été ainsi déformés est une méprise de la part du Coran : puisque Miriam et Marie portent le même nom en arabe “Maryam” مريم, l’auteur du Coran a confondu Marie, la mère de Jésus, avec Miriam, la sœur d’Aaron et la fille d’Imran.

Cette confusion étant double, cela rend presque impossibles les tentatives d’apologétique, car de telles défenses doivent non seulement expliquer pourquoi Marie a été appelée la sœur d’Aaron, mais aussi pourquoi elle a été désignée comme la fille d’Imran.

5. Explications musulmanes traditionnelles

5.1 Mary, la fille d’Imran

Les explications apologétiques se concentrent sur la raison pour laquelle Marie a été désignée comme la sœur d’Aaron. Cependant, elles n’élucident pas vraiment la raison pour laquelle elle a été appelée la fille d’Imran, car la réponse à cette question est évidente du point de vue islamique orthodoxe : la Bible est un livre altéré et tout ce qu’elle contient n’est pas véridique. Ainsi, lorsque le Coran affirme que le père de Marie s’appelle Imran, cela doit être accepté comme la vérité, indépendamment des dires de la Bible ou des chrétiens.

Quant aux travaux des érudits et historiens musulmans sur cette question, ils considèrent sans ambiguïté Imran, le père de Marie, comme étant une personne différente d’Imran, le père d’Aaron et de Moïse. La première référence concernant la lignée de Marie et celle d’Aaron dans les sources islamiques remonte à Ibn Ishaq (décédé en 768 après J.-C.), qui mentionne que Marie est la fille d’Imran, fils de Yashhim, tandis qu’il indique que le père de Moïse et d’Aaron était Imran, fils de Yashar.

فولدت له يصهر بن قاهث فتزوج يصهر شميث ابنه بناديت بن بركيا ابن يقسان بن إبراهيم فولدت له ‌عمران بن يصهر، وقارون بن يصهر، فنكح ‌عمران يحيب ابنة شمويل بن بركيا بن يقسان بن إبراهيم فولدت له هارون بن ‌عمران ‌وموسى بن ‌عمران

 

Yaṣhar épousa Shamith, fille de Binadit, fils de Barkiya, fils de Yaqsan, fils d’Ibrahim. Elle (Shamith) donna naissance à Imran, fils de Yaṣhar, et à Qarun, fils de Yaṣhar. Imran épousa Yahib, fille de Shamuyil, fils de Barkiya, fils de Yaqsan, fils d’Ibrahim, et elle donna naissance à Aaron, fils de ‘Imran, et à Moïse, fils de ‘Imran. Histoire d’Al-Tabari, vol1. p.358

 

عَنِ ابْنِ إِسْحَاقَ، أنه قَالَ: مريم- فيما بلغني عن نسبها- ابنة عمران بن ياشهم بن أمون

 

D’après ce qui m’est parvenu sur la lignée de Marie, elle était la fille de ‘Imran, fils de Yashhim, fils d’Amon.
Histoire d’Al-Tabari, vol1. p.586

Cette interprétation islamique concernant le père de Marie remet grandement en question les tentatives apologétiques qui cherchent à justifier pourquoi elle était désignée comme la sœur d’Aaron, en se basant sur une grande supposition : que les sources chrétiennes ont confondu le nom du père de Marie. De plus, cela suppose que, par une pure coïncidence, le nom du père de Marie est identique à celui du père de Myriam, la sœur de Moïse et d’Aaron.

5.2 Marie, la sœur d’Aaron

L’erreur apparente consistant à appeler Marie la sœur d’Aaron a été remarquée très tôt, à tel point qu’un hadith attribué à Mahomet explique cette erreur. Ce hadith est très probablement une invention des premiers musulmans pour résoudre l’erreur. Le hadith dit, comme l’indique le Sahih Muslim :

Mughira b. Shu’ba a rapporté : Lorsque je suis arrivé à Najran, ils (les chrétiens de Najran) m’ont demandé : « Vous avez lu “ O sœur de Harun ” (c’est-à-dire Hadrat Maryam) dans le Coran : Vous avez lu « O sœur de Harun » (c’est-à-dire Hadrat Maryam) dans le Coran, alors que Moïse est né bien avant Jésus. Lorsque je revins auprès du Messager d’Allah (ﷺ), je l’interrogeai à ce sujet, ce à quoi il répondit : Les gens âgés avaient l’habitude de donner à leurs personnes des noms semblables à ceux des apôtres et des pieux qui les avaient précédés.
Sahih Muslim 25:5326

Al-Shanqiti (d.1974), un interprète moderne du Coran, a énuméré les hadiths précédents et a dit :

وَبِهَذَا الْحَدِيثِ الصَّحِيحِ الَّذِي رَأَيْتَ إِخْرَاجَ هَؤُلَاءِ الْجَمَاعَةِ لَهُ ، وَقَدْ قَدَّمْنَاهُ بِلَفْظِهِ عِنْدَ مُسْلِمٍ فِي صَحِيحِهِ : تَعْلَمُ أَنَّ قَوْلَ مَنْ قَالَ: إِنَّ الْمُرَادَ هَارُونُ أَخُو مُوسَى ، بَاطِلٌ ؛ سَوَاءٌ قِيلَ إِنَّهَا أُخْتُهُ، أَوْ أَنَّ الْمُرَادَ بِأَنَّهَا أُخْتُهُ : أَنَّهَا مِنْ ذُرِّيَّتِهِ، كَمَا يُقَالُ لِلرَّجُلِ: يَا أَخَا تَمِيمٍ، وَالْمُرَادُ يَا أَخَا بَنِي تَمِيمٍ ; لِأَنَّهُ مِنْ ذُرِّيَّةِ تَمِيمٍ …

وَإِذَا حَقَّقْتَ أَنَّ الْمُرَادَ بِهَارُونَ فِي الْآيَةِ غَيْرُ هَارُونَ أَخِي مُوسَى، فَاعْلَمْ أَنَّ بَعْضَ الْعُلَمَاءِ، قَالَ: إِنَّ لَهَا أَخًا اسْمُهُ هَارُونَ، وَبَعْضَهُمْ يَقُولُ: إِنَّ هَارُونَ الْمَذْكُورَ رَجُلٌ مِنْ قَوْمِهَا

مَشْهُورٌ بِالصَّلَاحِ، وَعَلَى هَذَا فَالْمُرَادُ بِكَوْنِهَا أُخْتَهُ أَنَّهَا تُشْبِهُهُ فِي الْعِبَادَةِ وَالتَّقْوَى، وَإِطْلَاقُ اسْمِ الْأَخِ عَلَى النَّظِيرِ الْمُشَابِهِ مَعْرُوفٌ فِي الْقُرْآنِ وَفِي كَلَامِ الْعَرَبِ..”

 

Ce Hadith authentique réfute les opinions qui disent que Marie est la sœur d’Aaron ou qu’elle était une descendante d’Aaron. Et puisque l’Aaron mentionné dans le verset n’est pas Aaron le frère de Moïse, certains savants disent que Marie avait un frère appelé Aaron, et d’autres disent que l’Aaron mentionné dans le verset était un homme de sa tribu qui était connu pour être un homme juste. Il faut donc comprendre que « sœur d’Aaron » signifie qu’elle est aussi juste que lui. Lorsque deux choses sont similaires, il est courant dans le Coran et en arabe d’appeler l’une d’entre elles le frère (ou la sœur) de l’autre.
Adhwa’ Al-Bayan par Al-Shanqiti, vol.3 p.414,415

Selon Al-Shanqiti, le Hadith pourrait signifier l’une de ces deux choses :

A- Marie avait un frère nommé Aaron.

Cette explication semble trop simpliste et artificielle car elle implique les suppositions suivantes :

1- Les sources chrétiennes ont confondu le nom du père de Marie.
2- Les sources chrétiennes ont omis de mentionner que Marie avait un frère.
3- Le véritable nom du père de Marie coïncide par hasard avec celui du père de Miriam.
4- Le nom du frère de Marie coïncide par hasard avec celui du frère de Miriam.

Selon les écrits chrétiens, le père de Marie s’appelait Joachim, et il n’est pas fait mention d’un frère nommé Aaron. Si Marie avait effectivement un frère nommé Aaron, cela soulève la question : pourquoi est-elle désignée comme la “sœur d’Aaron” ? De plus, il est curieux que ce frère vertueux ne soit mentionné nulle part ailleurs dans le Coran, les hadiths ou les Isra’iliyyat. Il semble donc plus plausible que l’auteur du Coran ait cru qu’elle était réellement la sœur d’Aaron et de Moïse, et que, par conséquent, les gens l’appelaient “sœur d’Aaron” pour souligner son statut social.

Autrement dit, les gens s’interrogeaient : “Comment peux-tu avoir un enfant sans mari, alors que tu proviens d’une famille si vertueuse ?”

Une autre interprétation possible du Hadith pourrait être la suivante :

B- Il existait dans le peuple de Marie un homme vertueux connu sous le nom d’Aaron. L’expression “Sœur d’Aaron” serait donc une métaphore signifiant que “Marie est aussi vertueuse que cet homme nommé Aaron”.

Cette explication semble cependant trop commode et forcée, car elle repose sur plusieurs suppositions :

1- Le terme sœur dans le verset ne doit pas être pris au sens littéral. Il s’agirait plutôt d’une métaphore pour indiquer une similitude.
2- Par pure coïncidence, le nom de l’homme vertueux auquel Marie est comparée est identique à celui du frère de Miriam.
3- Les sources chrétiennes se seraient trompées sur le nom du père de Marie.
4- Par une coïncidence, le véritable nom du père de Marie serait le même que celui du père de Miriam.

Rien dans le Coran n’indique que le verset ne doit pas être compris littéralement. En fait, un rapport ancien montre clairement que Aisha bint Abi Bakr, l’épouse de Muhammad, a compris le verset littéralement :

وَقَالَ اِبْن جَرِير حَدَّثَنِي يَعْقُوب حَدَّثَنَا اِبْن عُلَيَّة عَنْ سَعِيد بْن أَبِي صَدَقَة عَنْ مُحَمَّد بْن سِيرِينَ قَالَ أُنْبِئْت أَنَّ كَعْبًا قَالَ إِنَّ قَوْله : ” يَا أُخْت هَارُون ” لَيْسَ بِهَارُون أَخِي مُوسَى قَالَ فَقَالَتْ لَهُ عَائِشَة كَذَبْت قَالَ يَا أُمّ الْمُؤْمِنِينَ إِنْ كَانَ النَّبِيّ صَلَّى اللَّه عَلَيْهِ وَسَلَّمَ قَالَهُ فَهُوَ أَعْلَم وَأَخْبَر وَإِلَّا فَإِنِّي أَجِد بَيْنهمَا سِتّمِائَةِ سَنَة قَالَ فَسَكَتَتْ وَفِي هَذَا التَّارِيخ نَظَر

 

Il a été rapporté par Ibn Jarir, par Yaqub, par Ibn U’laya, par Sa’id Ibn Abi Sadaqa, par Muhammad Ibn Sireen qui a déclaré qu’on lui avait dit que Ka’b avait dit que le verset qui dit « Ô sœur de Harun (Aaron) » (de la sourate 19:28) ne fait pas référence à Aaron, le frère de Moïse. (de la sourate 19:28) ne fait pas référence à Aaron, le frère de Moïse. Aïcha répondit à Ka’b : « Tu as menti ». Ka’b répondit : « Ô mère des croyants ! Si le prophète, que les prières d’Allah soient sur lui, l’a dit, et qu’il est plus savant, alors c’est ce qu’il a raconté. D’ailleurs, je trouve que la différence de temps entre eux (Jésus et Moïse) est de 600 ans. » Il dit cela et elle resta silencieuse.
Tafsir Ibn Kathir (non abrégé) sur 19:28

La présence d’un rapport attribué à Muhammad qui tente de clarifier la confusion suggère que le verset était pris au pied de la lettre.

La seule raison de ne pas interpréter le verset littéralement est d’éviter une erreur chronologique apparente, celle de présenter Marie comme la sœur d’Aaron. Comme c’est souvent le cas dans de telles défenses, cet argument part du principe que le Coran est infaillible.

De plus, on peut se demander d’où vient “Aaron l’homme juste”. Il n’est mentionné nulle part dans le Coran et semble être introduit uniquement dans ce verset. Il est uniquement évoqué dans les interprétations islamiques de ce verset. Étant donné que le Coran a été rédigé plusieurs siècles après la vie de Jésus, l’introduction d’un tel personnage dans l’histoire, absent des textes chrétiens originaux, semble n’être qu’une tentative d’explication apologétique.

Voici les mentions d’Aaron le juste dans l’interprétation d’Al-Tabari :

حدثنا الحسن، قال: أخبرنا عبد الرزاق، قال: أخبرنا معمر، عن قتادة، في قوله (يَاأُخْتَ هَارُونَ) قال: كان رجلا صالحًا في بني إسرائيل يسمى هارون، فشبَّهوها به، فقالوا: يا شبيهة هارون في الصلاح.

حدثنا بشر، قال: ثنا يزيد، قال: ثنا سعيد، عن قتادة، قوله (يَاأُخْتَ هَارُونَ مَا كَانَ أَبُوكِ امْرَأَ سَوْءٍ وَمَا كَانَتْ أُمُّكِ بَغِيًّا) قال: كانت من أهل بيت يُعرفون بالصلاح، ولا يُعرفون بالفساد ومن الناس من يُعرفون بالصلاح ويتوالدون به، وآخرون يُعرفون بالفساد ويتوالدون به، وكان هارون مصلحا محببا في عشيرته، وليس بهارون أخي موسى، ولكنه هارون آخر. قال: وذُكر لنا أنه شيع جنازته يوم مات أربعون ألفا، كلهم يسمون هارون من بني إسرائيل

 

Qatadah (mort en 735 après J.-C.) a dit : « Aaron était un homme juste parmi les Israélites : Aaron était un homme juste parmi les Israélites. Marie lui a donc été comparée.
Qatadah a également dit : « Marie appartenait à une maison connue pour sa droiture : Marie appartenait à une maison connue pour sa droiture. Aaron était un homme juste et populaire dans sa tribu. Ce n’était pas Aaron le frère de Moïse. C’était un Aaron différent. Quarante mille personnes ont assisté à ses funérailles. Ils étaient tous appelés Aaron par les Israélites.
Tafsir Al-Tabari, Mu’assasat Al-Risalah, vol.18 p.186

Une autre explication traditionnelle mentionnée par les interprètes du Coran est que “sœur d’Aaron” signifie  “descendante d’Aaron”. Ibn Kathir (d.1373), l’interprète le plus populaire du Coran, dit :

(Ô sœur de Harun !) en référence au frère de Moussa, parce qu’elle était de sa descendance. Il en va de même pour les paroles : « Ô frère de Tamim “, pour celui qui appartient à la tribu des Tamimi, et ” Ô frère de Mudar », pour celui qui appartient à la tribu des Mudari. Il a également été dit qu’elle était apparentée à un homme juste parmi eux dont le nom était Harun et qu’elle lui était comparable dans son abstinence et son adoration.
Maryam avec Al-Masih devant les gens, leur rejet d’elle et sa réponse à eux..

Cette explication semble également trop commode et forcée car elle repose sur les hypothèses suivantes :

1- Le terme “sœur” dans le verset ne doit pas être pris au sens littéral. Il s’agirait plutôt d’une métaphore signifiant “descendante de”.
2- Marie est désignée comme une descendante d’Aaron alors que les sources chrétiennes affirment qu’elle était issue de la lignée de David.
3- Les sources chrétiennes se seraient trompées sur le nom du père de Marie.
4- Par pure coïncidence, le véritable nom du père de Marie correspondrait à celui du père de Myriam.

Les sources chrétiennes indiquent de manière constante que Marie était de la famille de David, ce qui amène beaucoup à se demander pourquoi le Coran la décrit comme étant plutôt de la famille d’Aaron. Certains soulignent que dans Luc 1:5, il est dit qu’Élisabeth est une descendante d’Aaron ; et dans Luc 1:36, Élisabeth est dite cousine ou parente de Marie.

Cependant, être apparenté à une autre personne ne garantit pas que l’on descende également de l’un de ses ancêtres éloignés (Aaron dans ce cas). Il convient de noter que si l’expression “sœur d’Aaron” peut être sujette à des interprétations métaphoriques, le lien de parenté entre Marie et Imran ne laisse pas de place à cela puisque le Coran affirme non seulement que Marie est la fille d’Imran, mais aussi que la mère de Marie est la femme d’Imran.

Cela met en doute les affirmations de certains érudits, tels que A. J. Wensinck, qui a déclaré dans l’Encyclopédie de l’Islam que « Il n’est pas nécessaire de supposer que ces liens de parenté doivent être interprétés en termes modernes. Les mots “sœur” et “fille”, comme leurs équivalents masculins, peuvent en arabe indiquer une parenté élargie, une descendance ou une affinité spirituelle. » Une telle affirmation néglige le problème apparent de nommer ‘Imran comme le père de Marie.

6. Analyse d’ensemble de l’erreur

Dans le récit biblique de l’Exode, Myriam est présentée comme la fille d’Amram et la sœur d’Aaron. De manière similaire, le Coran dépeint Marie, mère de Jésus, en tant que fille d’Amram et sœur d’Aaron, établissant ainsi un lien familial identique à celui de Myriam. Selon certaines traditions hadiths ultérieures, de nombreux musulmans, y compris ‘Aisha, auraient interprété Marie et Myriam comme une seule et même personne, en se basant sur leur lecture du texte coranique.

Face aux critiques chrétiennes concernant le verset coranique nommant Marie “sœur d’Aaron”, il est dit que la réponse attribuée à Mahomet fut que “les gens étaient souvent nommés en l’honneur de personnes pieuses ayant vécu avant eux”. Les érudits islamiques ont avancé plusieurs hypothèses : Marie aurait été appelée “sœur d’Aaron” parce qu’elle descendait de lui, qu’elle avait un frère nommé Aaron par coïncidence, ou qu’elle était comparée en termes de piété à un homme pieux de son peuple, également appelé Aaron par coïncidence.

Ces explications semblent être des conjectures, car il n’est pas établi que Marie soit une descendante d’Aaron, qu’elle ait eu un frère nommé Aaron, et cet homme pieux nommé Aaron paraît être une création des musulmans pour justifier le verset. En revanche, il est bien connu que Myriam était la sœur d’Aaron.

Étant donné que Marie et Myriam se prononcent toutes deux Maryam en arabe, il est envisageable que Mahomet, s’inspirant des récits chrétiens qu’il avait entendus, ait confondu ces deux figures en une seule lors de la composition ou de la transmission du Coran.

7. Ce que disent les savants contemporains

Des érudits contemporains relèvent que l’auteur de la Sourate Maryam possédait une connaissance approfondie de la tradition chrétienne, et qu’il pourrait avoir été un clerc chrétien dont l’œuvre fut adoptée par le mouvement naissant des croyants, ou qu’il en faisait lui-même partie. Compte tenu de l’immersion évidente de l’auteur dans la tradition chrétienne, il paraît improbable qu’il ait confondu Marie, la mère de Jésus, avec Marie, la sœur d’Aaron et de Moïse.

Il est plutôt probable que ce qui est évoqué ici concerne à la fois la lignée de Marie issue des figures juives de Moïse et d’Aaron, ainsi qu’une tradition sacerdotale de l’Église du Kathisma à Jérusalem, associant la Dormition (mort apparente, suivie de la résurrection et de l’assomption de Marie vivante au ciel) au sacerdoce d’Aaron. Il existe un texte homilétique chrétien géorgien pré-islamique qui semble désigner explicitement Marie comme la sœur d’Aaron. La similitude de formulation entre ce texte géorgien de Jérusalem et le Coran est frappante ; elle suggère que l’auteur de ce passage spécifique, et peut-être du reste du Coran et même de la sourate Maryam, devait être un chrétien de la région de Jérusalem, intimement familier avec la tradition chrétienne entourant l’église du Kathisma et les traditions liturgiques que cette église entretenait autour de la vierge Marie.

7.1 Allusions à d’autres récits

La première partie de la sourate Maryam (versets 1-63) fait constamment référence à des récits apocryphes tirés d’évangiles apocryphes légendaires tels que le Protoévangile de Jacques et l’Évangile du Pseudo-Matthieu.

Ces textes esquissent un évangile de l’enfance de la Vierge Marie, racontant l’histoire de son père Joachim et de sa mère Ana, des Juifs vertueux qui servaient les pauvres et suivaient la parole du Seigneur. Joachim fut exclu d’un rituel du temple parce qu’il n’avait pas d’enfant, alors que tous les justes d’Israël en avaient. Il alla dans le désert pour prier et jeûner, tandis qu’Ana priait pour que le Seigneur lui donne des enfants ; après avoir vu un nid de moineaux dans un arbre, l’ange du Seigneur lui apparut et lui dit qu’elle allait avoir un enfant. Dans leur joie d’avoir un enfant à un âge si avancé, le couple consacra l’enfant, Marie, au Seigneur comme vierge perpétuelle.

En grandissant, elle a été confiée aux soins d’un homme plus âgé, Joseph, qui serait son mari mais n’aurait pas de relations sexuelles avec elle. Lorsque le Seigneur a fécondé Marie avec Jésus, les Juifs ont accusé Joseph et Marie d’avoir violé leur serment envers le Seigneur. Le prêtre du temple éprouva Joseph avec l’eau du supplice du Seigneur, il la but et revint indemne ; en outre, lorsque Marie donna naissance à Jésus, une lumière blanche aveuglante inonda la grotte dans laquelle elle se trouvait, et la sage-femme ainsi que l’accusé mirent leurs doigts dans son vagin et furent choqués de voir que même après la naissance de Jésus, elle était encore vierge.

Après avoir vu ces grands signes, la foi de Marie et de Joseph a été confirmée. Bien que ces sources ne soient pas créditées dans l’exégèse musulmane, il ne fait aucun doute que la sourate Maryam fait de nombreuses références à ce cycle marial de l’enfance et que, dans l’ayah 25, elle fait explicitement référence au miracle de la palme rapporté dans l’Évangile du Pseudo-Matthieu 20:1-2 (lui-même une reprise de la fable païenne de Léto accouchant d’Apollon).

فَنَادَىٰهَا مِن تَحْتِهَآ أَلَّا تَحْزَنِى قَدْ جَعَلَ رَبُّكِ تَحْتَكِ سَرِيًّا فَأَجَآءَهَا ٱلْمَخَاضُ إِلَىٰ جِذْعِ ٱلنَّخْلَةِ قَالَتْ يَٰلَيْتَنِى مِتُّ قَبْلَ هَٰذَا وَكُنتُ نَسْيًا مَّنسِيًّا وَهُزِّىٓ إِلَيْكِ بِجِذْعِ ٱلنَّخْلَةِ تُسَٰقِطْ عَلَيْكِ رُطَبًا جَنِيًّا فَكُلِى وَٱشْرَبِى وَقَرِّى عَيْنًا ۖ فَإِمَّا تَرَيِنَّ مِنَ ٱلْبَشَرِ أَحَدًا فَقُولِىٓ إِنِّى نَذَرْتُ لِلرَّحْمَٰنِ صَوْمًا فَلَنْ أُكَلِّمَ ٱلْيَوْمَ إِنسِيًّا

 

Les douleurs de l’enfantement la poussèrent vers le tronc du palmier. Elle dit : ? Oh ! si j’étais morte avant cela, si j’étais devenue un objet de néant, si j’étais tombée dans l’oubli… Alors quelqu’un lui cria d’en bas : « Ne t’afflige pas ! Ne t’afflige pas ! Ton Seigneur a placé un ruisseau sous toi, et en secouant le tronc du palmier vers toi, tu feras tomber sur toi des dattes mûres. Mange et bois, et console-toi. Et si tu rencontres un mortel, dis-lui : J’ai fait un vœu de jeûne au Bienfaiteur, et je n’ai pas le droit de parler aujourd’hui à un mortel.
Coran 19:23-26

Comparaison avec l’Évangile du Pseudo-Matthieu :

Le troisième jour de leur voyage, alors qu’ils marchaient, la bienheureuse Marie, fatiguée par l’ardeur du soleil dans le désert, aperçut un palmier et dit à Joseph : « Laisse-moi me reposer un peu à l’ombre de ce palmier : Voyant un palmier, elle dit à Joseph : « Laisse-moi me reposer un peu à l’ombre de cet arbre. Joseph se hâta donc de la conduire au palmier, et de la faire descendre de sa bête. Comme la bienheureuse Marie était assise là, elle leva les yeux vers le feuillage du palmier, le vit plein de fruits, et dit à Joseph : « Je voudrais bien avoir du fruit de ce palmier. Joseph lui répondit : « Je m’étonne que tu dises cela : Je m’étonne que tu dises cela, quand tu vois la hauteur du palmier, et que tu penses à manger de son fruit. Je pense plutôt au manque d’eau, car les outres sont maintenant vides, et nous n’avons pas de quoi nous rafraîchir, nous et notre bétail. L’enfant Jésus, au visage joyeux, reposant dans le sein de sa mère, dit au palmier : O arbre, plie tes branches, et rafraîchis ma mère de tes fruits. À ces mots, le palmier courba sa cime jusqu’aux pieds de la bienheureuse Marie, et ils en recueillirent des fruits dont ils furent tous rafraîchis. Après qu’ils eurent cueilli tous ses fruits, il resta penché, attendant l’ordre de se relever de la part de celui qui lui avait ordonné de se baisser. Jésus lui dit alors : Lève-toi, palmier, et sois fort, et sois le compagnon de mes arbres, qui sont dans le paradis de mon Père ; ouvre de tes racines une veine d’eau qui était cachée dans la terre, et fais couler les eaux, afin que nous soyons rassasiés par toi. Elle s’éleva aussitôt, et il sortit de sa racine une source d’eau très limpide, fraîche et étincelante. Lorsqu’ils virent la source d’eau, ils furent saisis d’une grande joie, et ils se rassasièrent, eux et tout leur bétail et leurs bêtes. C’est pourquoi ils rendirent grâces à Dieu.
 Pseudo Évangile-Matthieu Chapitre 20

Bien que l’on puisse s’interroger sur la datation de l’Évangile du Pseudo-Matthieu et sur son influence directe sur le Coran, Stephen Shoemaker a découvert que l’histoire prenait forme bien plus tôt, dans des textes du début du Ve siècle de notre ère, au plus tard, connus sous le nom de Dormition de la Vierge. Pour ces écrits, nous disposons de fragments de manuscrits syriaques de la fin du Ve siècle, qui en sont les témoignages textuels les plus anciens.

7.2 Influences palestiniennes

En Palestine, se trouve une église byzantine consacrée à la Vierge Marie, nommée l’église du Kathisma ou Saint Trône de la Vierge Marie. Cette église entretient une relation profonde et complexe avec la tradition islamique et a probablement servi de modèle pour la construction du Dôme du Rocher à Jérusalem. À l’époque de Mahomet, cette église était un lieu important du culte chrétien dédié à la Vierge Marie. Contrairement aux églises catholiques et orthodoxes modernes, où seule la Bible est lue pendant la messe, il était courant à cette époque de lire également des textes apocryphes et d’autres écrits non canoniques. Le Kathisma a été érigé sur le lieu du miracle du palmier mentionné dans le Pseudo Matthieu chapitre 20 et la sourate Maryam versets 23-25.

Selon le lectionnaire de cette église, le miracle du palmier, la conception virginale de Jésus, la conception immaculée (sans péché, vierge) de Marie, et la dormition (assomption au ciel de Marie vivante) étaient tous célébrés dans cette église. La liturgie stational mariale de la Dormition y était célébrée du 13 au 17 août selon le calendrier de l’église. De plus, au milieu de cette célébration, des lectures étaient également faites le 14 août à partir de la Vie de Jérémie. Ce texte prétend raconter comment le prophète Jérémie a sauvé l’Arche de l’Alliance et l’a cachée après la destruction du premier temple par les Babyloniens. Un texte du Kathisma, préservé en géorgien, l’une des langues des célébrations de masse de l’église, ajoute une prophétie supplémentaire à l’histoire dans la Vie de Jérémie.

Le prophète [Jérémie] a dit : « Sa venue sera un signe pour vous et pour les autres enfants à la fin du monde.57 Personne ne tirera du rocher l’Arche cachée, si ce n’est le prêtre Aaron, frère de Marie ; personne ne dévoilera les tables et ne pourra les lire, si ce n’est le législateur Moïse, élu du Seigneur. Et personne ne dévoilera les tables qui s’y trouvent, ni ne pourra les lire, si ce n’est le législateur Moïse, l’élu du Seigneur. Et à la résurrection des morts, l’Arche sera la première à sortir du rocher et à être placée sur le mont Sinaï, afin que s’accomplisse la parole du prophète David, qui disait : « Lève-toi, Seigneur, vers ton lieu de repos, Toi et l’Arche de ta sainteté », c’est-à-dire la Sainte Vierge Marie qui passe de ce monde à la présence de Dieu, elle à qui les apôtres ont proclamé en Sion la louange de la Myrrhe en disant : « Aujourd’hui, la Vierge est guidée de ce monde à la présence de Dieu » : Aujourd’hui, la Vierge est guidée de Bethléem à Sion, et aujourd’hui de la terre au ciel, et tous les saints sont rassemblés autour d’elle et attendent le Seigneur, mettant en fuite l’ennemi qui veut les anéantir. »
Lection de Jérémie

L’expression “sœur d’Aaron” (ici inversée en “frère de Marie” pour Aaron) est utilisée ici de manière intentionnelle par l’auteur géorgien, qui désigne toujours par “Marie” la mère de Jésus et par “Miriam” la véritable sœur d’Aaron. Ainsi, le Coran ne démontre pas son ignorance ; au contraire, la mention de Marie comme sœur d’Aaron fait référence à la célébration du culte de la vierge Marie en Palestine. Il est donc peu probable qu’un public païen non instruit à La Mecque ou à Médine ait pu comprendre ce verset ; il existe plusieurs explications sur la manière dont une référence aussi complexe a pu se retrouver dans le Coran, et aucune ne correspond au récit traditionnel :

Le public arabe du nord du Hijaz n’était pas réellement illettré et païen comme le prétendent les littératures sirah et tafsir, mais était plutôt, déjà à l’époque de Mahomet, largement chrétien et parfaitement au fait de la culture littéraire, multilingue, grecque et syriaque de l’orient byzantin proche.
Cette sourate (du moins sa première section) n’a pas été composée comme prédication de Mahomet, mais est plutôt le fruit de saints hommes chrétiens travaillant pour un public arabophone au sein de l’empire byzantin ; la première partie de la sourate qui fait ces allusions est donc un texte distinct de la partie ultérieure de la sourate qui est fortement “islamique” et manque des allusions chrétiennes complexes. La sourate dans son ensemble est donc une œuvre composite.
Mahomet n’a pas composé et prêché cette sourate dans le Hijaz, mais plutôt aux alentours de la Palestine pour un public qui la comprendrait ; si l’on en croit Shoemaker dans son livre La Mort d’un Prophète, cela aurait pu se faire après qu’il ait lui-même conquis Jérusalem.

7.3 Probable signification d’Imran

Lorsque le Coran mentionne que Marie est la fille d’Imran, il emploie probablement la typologie, une méthode d’interprétation des écritures qui considère les personnages ultérieurs comme des reflets de leurs ancêtres bibliques. Ainsi, ce que le Coran exprime ici, par l’intermédiaire de la mère des interlocuteurs juifs, c’est que Marie et sa famille ont été préfigurées par la famille d’Aaron et de Miryam. Cette préfiguration renforce également les liens établis entre Marie et Miriam dans l’église du Kathisma, et démontre une fois de plus la connaissance approfondie de l’auteur sur le culte palestinien de la vierge Marie.

 

8. Pour approfondir vos recherches à  propos du thème de cet thème.

NB :  Les références mentionnées ci-dessous ont contribué à l’élaboration de cet article de réflexion. Une grande partie de ces ouvrages sont rédigés en anglais et en arabe, cependant, leur traduction est aisée grâce à des outils tels que Deepl ou Reverso.

  1. Quran 19:27-34
  2. Mughira b. Shu’ba reported: When I came to Najran, they (the Christians of Najran) asked me: You read  “O sister of Harun” (i. e. Hadrat Maryam) in the Qur’an, whereas Moses was born much before Jesus. When I came back to Allah’s Messenger (ﷺ) I asked him about that, whereupon he said: The (people of the old age) used to give names (to their persons) after the names of Apostles and pious persons who had gone before them. Sahih Muslim 25:5326
  3. Quran 19:27-28.
  4. Sahih Muslim 25:5326.
  5. Majlisi, Hayat al-Qulub 2:26.
  6. Guillaume Dye, “The Qur’ān and its Hypertextuality in Light of Redaction Criticism,” The Fourth Nangeroni Meeting Early Islam: The Sectarian Milieu of Late Antiquity? (Early Islamic Studies Seminar, Milan) (15-19 June 2015): 8
  7. Suleiman A. Mourad, “Mary in the Qur’an: a reexamination of her presentation,” The Qur’an in its Historical Context, Edited by Gabriel Said Reynolds (2008): 165.
  8. https://al-maktaba.org/book/9783/383
  9. http://quran.al-islam.com/Page.aspx?pageid=221&BookID=11&Page=1
  10. https://www.biblegateway.com/passage/?search=Luke+1
  11. The Encyclopaedia Of Islam (New Edition), 1991, Volume VI, p. 630.
  12. For example from Waraqa ibn Nawfal.
  13. Guillaume Dye, “The Qur’ān and its Hypertextuality in Light of Redaction Criticism,” The Fourth Nangeroni Meeting Early Islam: The Sectarian Milieu of Late Antiquity? (Early Islamic Studies Seminar, Milan) (15-19 June 2015): 10.
  14. Suleiman A. Mourad, “Mary in the Qur’an: a reexamination of her presentation,” The Qur’an in its Historical Context, Edited by Gabriel Said Reynolds (2008): 169.
  15. Guillaume Dye, “The Qur’ān and its Hypertextuality in Light of Redaction Criticism,” The Fourth Nangeroni Meeting Early Islam: The Sectarian Milieu of Late Antiquity? (Early Islamic Studies Seminar, Milan) (15-19 June 2015): 15.
  16. Guillaume Dye, “The Qur’ān and its Hypertextuality in Light of Redaction Criticism,” The Fourth Nangeroni Meeting Early Islam: The Sectarian Milieu of Late Antiquity? (Early Islamic Studies Seminar, Milan) (15-19 June 2015): 13.
  17. Guillaume Dye, “The Qur’ān and its Hypertextuality in Light of Redaction Criticism,” The Fourth Nangeroni Meeting Early Islam: The Sectarian Milieu of Late Antiquity? (Early Islamic Studies Seminar, Milan) (15-19 June 2015): 9.

 

 

Souscrire

- À chaque nouveau numéro une découverte de l'apologétique moderne pour une foi intemporelle

- Ne manquez jamais une histoire grâce aux notifications actives

- Vous inscrire à notre Newsletter

Dernières Publications

spot_imgspot_imgspot_imgspot_img