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    Encyclopédie de religions africaines – EXCISION (La clitoridectomie)

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    Encyclopédie de religions africaines – EXCISION (La clitoridectomie)

    Avant Propos :  Chers lecteurs et lectrices,  avant de vous lancer dans la lecture de ce contenu nous vous conseillons de lire d’abord notre article d’introduction, vous le trouverez en cliquant sur le lien en surbrillance suivant : Encyclopédie de religions africaines   – Introduction : Notions et Concepts. Ce dernier vous permettra de mieux appréhender le sens que nous voulons donner  à l’ensemble de cette rubrique.

    La pratique consistant à couper, modifier ou retirer tout ou une partie des organes génitaux chez les hommes et les femmes est généralement désignée par les termes d’excision ou de circoncision (pour les hommes) et de clitoridectomie (pour les femmes). Cette pratique remonte à la préhistoire et a été observée dans le monde entier, au sein de toutes les religions, y compris le christianisme, l’islam, le judaïsme, ainsi que dans les traditions spirituelles des peuples autochtones. En Afrique, elle est attestée depuis l’Égypte ancienne (Kemet) comme une coutume sociale, religieuse et culturelle pratiquée sur les femmes. Plus récemment, des mouvements d’opposition à la clitoridectomie ont émergé. Cet article se concentre sur la tradition de la clitoridectomie, ses significations sociales et la controverse actuelle qui l’entoure.

    1. Origines Traditionnelles

    En tant que force cosmologique et spirituelle puissante, le chercheur Cheikh Anta Diop a mis en évidence le lien entre cette pratique et celle de l’Égypte ancienne (Kmt) ainsi que le reste de l’Afrique. Les dieux africains supervisaient le rite de la circoncision. Par exemple, chez les Yoruba au Nigeria, le dieu le plus associé à la circoncision est Ogun. Dans l’Afrique traditionnelle, la clitoridectomie était pratiquée pour des raisons sociales et spirituelles ; elle symbolisait la transformation de la fille en femme. Cette pratique était instaurée au début de la puberté, englobant deux tranches d’âge pour les candidates : de 7 à 15 ans et de 15 à 19 ans.

    D’autres notations spirituelles indiquent que cette pratique était liée à la dualité entre les hommes et les femmes ainsi qu’à la nécessité de différenciation des genres. Ainsi, la clitoridectomie avait pour but d’éliminer l’aspect masculin chez les femmes. Elle renforçait les idées cosmologiques qui reconnaissaient la nature duale ou androgyne des dieux. Cet acte allait bien au-delà d’une simple opération sur le corps, car il visait à retirer ce qui était considéré comme des traits de l’autre sexe. Sans cette intervention, les individus ne pouvaient ni se marier, ni participer à des activités sexuelles socialement acceptées, ni accéder aux connaissances secrètes ou cachées qui leur permettaient de fonctionner en tant qu’adultes.

    Ainsi, la clitoridectomie symbolisait la fin de l’enfance et l’émergence ou la renaissance d’une nouvelle personne : la femme. En conséquence, on croyait que les femmes connaissaient une fertilité accrue et un plus grand nombre de naissances vivantes. En tant que rituel spirituel, les cérémonies de clitoridectomie étaient considérées comme un rite de passage important pour les femmes. Cette pratique a été décrite comme une activité archétypale de la féminité idéale. La clitoridectomie était perçue comme un acte profondément significatif, représentant le symbole sacré de la fertilité féminine. Elle était généralement réalisée lors de cérémonies sacrées par des guérisseuses ou des épouses traditionnelles occupant une position sociale élevée.

    Cependant, certaines sociétés contemporaines ont permis que la clitoridectomie soit pratiquée par des professionnels de santé agréés dans des hôpitaux et des cliniques. De plus, l’importance des rituels traditionnels de circoncision en Afrique est mise en évidence dans la littérature, l’art et la musique, et les origines de la circoncision se retrouvent dans de nombreux récits de création des sociétés africaines. Dans un récit de création yoruba, l’histoire d’Ogun et Olure, le mariage et la procréation étaient facilités par la circoncision féminine.

    2. Contexte social

    Il a été avancé qu’au fil du temps, les grandes religions extérieures aux sociétés africaines traditionnelles ont joué un rôle important dans la réinterprétation sociale et culturelle de la signification des pratiques existantes. Par exemple, dans certaines sociétés africaines, la circoncision pourrait avoir fusionné le christianisme avec des idées anciennes traditionnelles sur la purification spirituelle. Dans les sociétés où le patriarcat est le système social et politique dominant, la clitoridectomie perdure. Parmi les raisons sociales qui motivent la pratique de la clitoridectomie aujourd’hui, on trouve le désir d’assurer la chasteté prémaritale (virginité) des femmes. On croyait également que cette pratique aiderait les femmes à rester fidèles durant le mariage. De plus, en raison des attentes sociales, tant les hommes que les femmes estiment que la circoncision féminine augmenterait les opportunités de mariage pour une femme. Il a également été suggéré que les femmes ayant subi cette intervention sont perçues comme des membres courageux de leur communauté en raison de la douleur associée à la procédure. Enfin, dans les sociétés qui valorisent la fécondité, la clitoridectomie était considérée comme un moyen de renverser les schémas d’infertilité.

    Les coutumes bien ancrées concernant le mariage et les rôles des femmes ont interprété la clitoridectomie comme un symbole de modestie féminine et un moyen de préserver l’honneur familial. Les partisans de cette pratique, qu’ils soient hommes ou femmes, ont également avancé qu’elle protège contre le viol, sert de méthode de contraception et aide à réduire les pulsions sexuelles chez les jeunes femmes. Dans la société moderne, on pense qu’elle contribue à maintenir la moralité dans un environnement de plus en plus sexualisé influencé par l’Occident. Dans certaines régions du monde islamique, cette pratique est désignée par le terme sunna. Chez les Yoruba, le mot pour désigner la circoncision (ou l’acte de couper) est da’ko, tandis que l’excision est parfois appelée dabo. Les Bambara du Mali pratiquent un nettoyage cérémoniel connu sous le nom de seli ji. Parmi les Xhosa d’Afrique du Sud, l’initiation rituelle est appelée Umkhwetha.

    Des millions de femmes à travers le monde ont subi une forme de clitoridectomie, et de nombreux pays africains continuent de pratiquer cette intervention. Cela s’inscrit dans un système où les pressions sociales se mêlent à divers héritages liés à la spiritualité et à la tradition. Tout d’abord, la clitoridectomie confère une identité de genre aux femmes. Ensuite, elle donne aux femmes une perception de contrôle et d’ordre, où leur pouvoir repose sur l’idée de vertu. Troisièmement, celles qui exercent ce type de pouvoir sont considérées comme participant à l’égalité sexuelle. Quatrièmement, en tant que forme de contrôle social, elle affirme les liens de parenté et une expression filiale de l’identité ethnique. Enfin, la clitoridectomie a été associée à un statut social plus élevé dans certaines sociétés.

    3. Opposition

    La clitoridectomie est une pratique très controversée dans de nombreuses cultures modernes. Dans la société contemporaine, elle est parfois désignée sous le terme de mutilation génitale féminine (MGF). Cette coutume fait l’objet d’une importante campagne mondiale visant à mettre fin à cette pratique et à sensibiliser les femmes aux dangers pour la santé qu’elle engendre. En particulier, des femmes africaines ainsi que de nombreux autres activistes et chercheurs ont mis en lumière cette pratique en appelant à son interdiction. Elle est souvent perçue comme le résultat de relations inégales entre les hommes et les femmes, ainsi que du statut des femmes dans les sociétés qui continuent de la pratiquer. Les opposants soulignent les dangers sanitaires liés à cette intervention chirurgicale et les implications patriarcales qui en découlent.

    Il existe quatre principaux types de clitoridectomie, allant de la coupe la moins invasive à une procédure chirurgicale complète. Le type I consiste à couper le prépuce clitoridien et/ou le clitoris. La forme la plus sévère de clitoridectomie est appelée pharaonique (ou dans certaines régions soudanaise) et implique l’ablation des organes génitaux externes et la suture de la vulve. Les chercheurs ont affirmé que la clitoridectomie est une procédure mettant la vie en danger, surtout lorsqu’elle est pratiquée dans des environnements non médicaux et insalubres. Parmi les autres préoccupations de santé figurent la douleur génitale généralisée, le retard du développement sexuel, la dyspareunie (douleur lors des rapports sexuels), les troubles vaginaux et les complications médicales apparaissant plus tard dans la vie.

    Les opposants à la mutilation génitale féminine (MGF) ont placé cette pratique dans le cadre des violations des droits humains, la comparant à la pratique chinoise du bandage des pieds. La clitoridectomie est perçue comme une forme de cruauté envers l’identité spirituelle, physique et psychologique des femmes. De plus, ces opposants soulignent l’importance du langage dans le débat actuel. Par exemple, ils estiment que le terme “circoncision féminine” est inapproprié et que l’expérience n’est pas comparable à celle de la circoncision masculine. Un mouvement s’est également formé parmi ceux qui souhaitent mettre fin à cette pratique, en mettant l’accent sur le processus de réforme culturelle. Ils soulignent que cette pratique n’est pas présente dans tous les groupes et que la distinction entre les familles circoncises et non circoncises s’estompe. Ils plaident également pour le développement de rites d’initiation alternatifs et d’autres cérémonies de passage à l’âge adulte, qui préservent la signification de l’acte sans avoir à le réaliser. Cela illustre la nature profondément ancrée de certaines idées traditionnelles qui remettent en question les processus de réaffirmation et de réorganisation culturelle.

    De nombreux pays africains se sont engagés activement dans la lutte contre la pratique de la clitoridectomie. Des organisations telles que Maendeleo ya Wanawake (Kenya), Tostan (Sénégal) et le Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants (Éthiopie) font partie des nombreuses initiatives qui œuvrent pour mettre fin à cette pratique et sensibiliser les femmes ainsi que les communautés aux autres enjeux qui les concernent.

    Sources complémentaires : Diop, C. A. (1974). L’Origine africaine de la civilisation : mythe ou réalité (M. Cook, Éd.). Chicago : Lawrence Hill. El Saadawi, N. (1999). Une fille d’Isis. Londres : Zed Books. Herbert, E. (1993). Fer, genre et pouvoir : rituels de transformation dans les sociétés africaines. Bloomington : Indiana University Press. Lewnes, A. (Éd.). (2005). Changer une convention sociale nuisible : mutilation/coupure génitale féminine. Innocenti Digest (Inndig 05/37). New York, Florence : UNICEF. Thiam, A. (1986). Sœur noire, exprime-toi : féminisme et oppression en Afrique noire. Londres : Pluto Press.

    Remarque :  Le présent article est basé sur les travaux de Molefi Kete Asante et Ama Mazama, son ouvrage ENCYCLOPEDIA OF AFRICAN RELIGION a été une base solide pour l’établissement de nos divers contenus sur le sujet.

     

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